Du cycle de vie au cycle de la vie

Concevoir la mobilité du futur, c’est adopter une approche durable en prenant en compte l’intégralité du cycle de vie des produits.

Adopter une vision holistique du produit

C’est également placer l’humain au cœur de la conception des véhicules pour offrir de nouvelles expériences et réinventer les usages. Lors des conférences Design for Life de Dassault Systèmes durant la Milan Design Week 2018, les responsables du design de deux des principaux constructeurs mondiaux ont expliqué leur approche. Extraits.

Lorsqu’on parle de design, les clients ont tendance à ne considérer que la partie émergée de la question, mais lorsqu’on évoque la durabilité, il faut également prendre en compte la partie cachée. Par quels procédés le produit est-il fabriqué ? Avec quels matériaux ? Au-delà de la conception de la voiture, il s’agit d’adopter une vision holistique du produit. Nous avons commencé à le faire pour la première fois avec la BMW i3, une citadine électrique, en nous penchant sur les matériaux, la chaîne logistique, la phase de production et le traitement en fin de vie, en calculant l’empreinte carbone à chaque étape du cycle de vie du produit. Dans notre centre de recyclage où nous travaillons pour récupérer les matériaux et les ramener dans l’économie circulaire, nous constatons que l’électromobilité pose de nouveaux défis. C’est pourquoi la question du traitement en fin de vie doit être intégrée dès la conception. Il faut non seulement penser à la déconstruction, mais aussi à la façon dont les différents matériaux sont liés entre eux. Tout le processus de conception doit être repensé, c’est un changement culturel profond, qui doit être impulsé par la direction de l’entreprise.

Accepter la rupture

En effet, comment améliorer l’empreinte carbone d’un produit ? D’abord par réduction : ce qui n’est pas fabriqué n’a pas d’empreinte carbone, et c’est aussi l’intérêt de l’utilisation de matériaux recyclés. Par ailleurs, la réduction du poids constitue une voie doublement intéressante. Moins de matière utilisée pour la fabrication, et par ailleurs, lors de la phase d’utilisation, la consommation de carburant ou d’énergie électrique est réduite, la masse à déplacer étant moindre. Mais pour changer réellement de paradigme, il faut accepter la rupture et non simplement améliorer l’existant : il est beaucoup plus facile de partir d’une feuille blanche pour concevoir quelque chose de radicalement nouveau. Ainsi, pour le tableau de bord de l’i3, nous avons utilisé du kénaf, une plante de la famille du jute, dont l’utilisation a un impact considérable sur la réduction de l’empreinte carbone. Le fruit d’un travail collaboratif et itératif entre les services conception, gestion de la chaîne d’approvisionnement et d’analyse du cycle de vie.

Daniela Bohlinger, Responsable du design durable, BMW Group

La montée en puissance des écocomatériaux

Le kénaf (Hibiscus cannabinus), également appelé chanvre de Bombay, chanvre de Guinée ou jute de Java est une plante à croissance rapide. Comme le lin ou le chanvre, les qualités intrinsèques de sa fibre et son bilan carbone positif conduisent les designers à l’employer de plus en plus dans l’architecture et l’ameublement.

Un monde plus autonome, électrique et connecté

La stratégie de design est très importante, car elle communique les valeurs de marque d’une entreprise, ce qu’elle veut vraiment être. Pour Renault, il s’agit de placer l’humain au cœur de nos véhicules, et de lier les besoins évolutifs des conducteurs aux types de véhicules que nous produisons. C’est ce que nous avons appelé le cycle de la vie.Deux projets de concept cars sont emblématiques de cette démarche. Le premier, Symbioz, correspond à une approche intégrée de la mobilité personnelle, où la voiture fait partie de votre écosystème, au même titre que votre maison, votre smartphone et tous les éléments qui vous entourent. Elle se connecte et peut partager des informations, mais également échanger de l’énergie, pour se recharger ou recharger d’autres appareils. Symbioz nous fait entrer dans un monde plus autonome, électrique et connecté. Elle révolutionne également les usages : on peut choisir de conduire la voiture ou d’être conduit. Le volant se replie et vous pouvez utiliser l’écran pour regarder un film, la voiture basculant alors en mode complètement autonome. Elle devient alors une sorte de salon sur roues, presque une annexe de la maison !

Connexion avec la ville

Le second concept est une voiture conçue comme un service. Sans conducteur, sans volant, sans pédales, vous pouvez y accéder via votre smartphone, à tout moment. Ici, aucune référence n’existe. Une voiture sans chauffeur, est-ce toujours une voiture ? Est-ce un morceau d’architecture, un morceau de ville sur quatre roues ?Ce véhicule repose sur une plateforme électrique sur laquelle plusieurs variantes pourront être envisagées. Autonome, il est doté d’un système lidar, de radars et de capteurs pour être en connexion permanente avec son environnement.

La conduite autonome rend la mobilité accessible au plus grand nombre, et l’ergonomie du véhicule a été pensée pour faciliter son usage pour tous : pas besoin de se pencher pour monter dans la voiture, on y entre frontalement. À l’intérieur, l’environnement est très social. Il n’y a pas besoin d’écrans car les passagers ont leur smartphone, mais la voiture est transparente, et se fond dans la ville. On peut imaginer que ce véhicule devienne aussi emblématique que le taxi noir londonien ou le taxi jaune new-yorkais. Nous ne prétendons pas connaître toutes les réponses de la mobilité future, et ces concepts servent à lancer des discussions, expérimenter et même commettre des erreurs. Cette approche ouverte, libre et audacieuse de la mobilité du futur doit nous ouvrir le champ des possibles et nous aider à concevoir une vie meilleure.

Laurens van den AckerVice-Président Senior du design corporate, Renault

Des idées en 3D

CATIA Natural Sketch Virtual Reality permet aux designers et aux ingénieurs de concevoir directement en 3D, et d’interagir avec leurs idées dans un dispositif de réalité virtuelle.

CATIA, le logiciel de CAO emblématique autour duquel s’est créé Dassault Systèmes il y a une quarantaine d’années, ne cesse de se réinventer. Avec Natural Sketch VR, il permet désormais aux designers des industries automobile, aéronautique ou des biens de consommation, de créer des croquis 3D dans l’espace à l’aide d’un dispositif de réalité virtuelle.Les pinceaux de cette application de dessin très simple peuvent être personnalisés avec un sélecteur d’épaisseur et d’opacité, et la palette permet d’accéder à une gamme de couleurs prédéfinies ou à une roue chromatique. Les esquisses et les courbes 3D créées dans Natural Sketch VR peuvent ensuite être réutilisées au sein de CATIA. Natural Sketch VR ouvre de nouvelles perspectives pour libérer sa créativité. L’application permet en effet aux personnes non familières avec les logiciels de CAO d’exprimer facilement leurs idées dans un environnement immersif. Elle propose aux designers un moyen de réaliser librement des esquisses en 3D pour augmenter leur productivité. Natural Sketch VR est également un nouvel outil de collaboration, autour duquel les équipes de conception peuvent réfléchir, construire des solutions communes et prendre des décisions collégiales.

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